Des temps forts ...
Une approche …
II - Articuler l'histoire de la biochimie autour de "temps forts" ...
C’est donc être bien imprudent, si ce n’est impertinent, que de prétendre présenter un développement sur l’histoire de la biochimie dans son ensemble ….Mais, quitte à passer pour un Don Quichotte, tel sera quand même notre propos… Celui-ci s’adresse à des élèves et / ou étudiants en biologie (technique) niveau L2 afin de leur faire comprendre l’origine culturelle des concepts et des techniques qu’ils sont amenés à étudier et à mettre en œuvre[1]. Il s’agit d’un savoir qui fait largement défaut, au niveau des programmes officiels, dans le système éducatif français.
Il serait cependant faux de dire que les références historiques seront absentes des manuels. Alors que dans certains manuels anciens de biochimie (générale) un chapitre est consacré à l’histoire de la discipline (LEHNINGER, Biochimie, 1970 : un appendice de quelques pages rappelait les principales dates de l’histoire de la biochimie ; l’ouvrage Franco Québécois : un premier chapitre sur l’histoire de la biochimie), dans les ouvrages récents, les références historiques (biographies des découvreurs et contexte de cette découverte) se trouvent au sein des divers chapitres sous forme d’encadrés. Il s’agit d’un savoir purement analytique, le plus souvent sans perspective historique[2].
Compte tenu de ce qui vient d’être dit, comment donc aborder cette histoire de la biochimie ?
Même si aucun ouvrage n’a envisagé une « histoire de la biochimie », nombreux sont donc les articles au sein de publications spécialisées et les monographies (principalement anglo-saxonnes) traitant de l’apport aux connaissances de biochimie : de tel ou tel scientifique, ceci sous forme de mémoires du chercheur, Nobel lectures (le cas échéant), compte-rendu de symposiums, volumes spéciaux d’ouvrages à publication annuelle, de notices nécrologiques de revues ou ouvrages issus de colloques organisés in memoriam, …) de telle ou telle personne ayant influencé les programmes de recherche : les « patrons », …), de tel ou tel centre de recherche (instituts publics ou privés), de la mise la point et l’évolution de telle ou telle technique, … . De plus, sont également publiées es qualité des synthèses (histoires ?) de domaines disciplinaires qui tendent à se détacher de la biochimie. Toute cette littérature constitue un important corpus et il serait dommage de ne pas s’y référer, en particulier dans un esprit externaliste, lors d’une approche de l’histoire de la biochimie.
Pourquoi, alors, dans un esprit de synthèse, ne pas articuler cette histoire de la biochimie autour de quelques « temps forts » caractérisés, selon le cas, par tel ou tel événement historique, biographique, épistémologique ? Cet événement sera identifié par son caractère fédérateur des divers aspects de l’activité de la communauté des biochimistes durant une période donnée : il peut s’agir selon le cas d’une intuition scientifique, de la mise au point et de l’utilisation d’une technique, des travaux d’un savant et de ses successeurs, d’un fait politique, de la reconnaissance de l’apparition d’un nouveau domaine de recherche…. En tous cas, c’est ce que la discipline a montré de plus remarquable, de plus représentatif à un moment donné.
Il s’agit là d’une sorte de reconstruction de l’histoire qui intègre tous les aspects de la démarche scientifique : les aspects internes de la démarche scientifique ainsi que les aspects (facteurs externes) tels que les techniques, l’économique, la politique, le social, etc. dont l’influence est trop souvent négligée.
[1] L’importance et la nécessité d’un enseignement de l’histoire des sciences et des techniques sera développé autre part. [2] Une mention spéciale pour l’ouvrage de Guy DURLIAT, Biochimie structurale, Diderot Editeurs, Paris, 1997, ISBN 2-84352-002-9
|